En ces temps de déséquilibre macroéconomique – Covid-19 oblige -, les petites et moyennes entreprises, déjà souffrantes, sont matraquées jour et nuit. Le privé est un créateur de richesse et d’emplois. Cette « arrogante » idée d’incriminer le privé, à tort et à travers, devrait cesser.
En ces temps douloureux où le système économique international est déboussolé (tendance à la récession, sous-emploi dangereux dans l’industrie et les services, faillite de plusieurs sociétés, déséquilibre budgétaire, effondrement des prix du pétrole, échanges internationaux réduits et flou total sur les calendriers de reprise…), le Covid-19 a imposé de nouvelles règles du jeu à l’économie internationale. Il faudra beaucoup de temps, de liquidités et d’élan d’investissement pour reprendre un tant soit peu le décor d’avant-Covid-19.
Parlons même d’une reconfiguration du décor économique international vers une poussée des mesures protectionnistes et vers moins de globalisation et d’échanges internationaux (le Covid-19 a imposé moins de mouvements et de contacts). Laissons de côté ce raisonnement macro et parlons micro. Qui est alors le grand perdant dans ce tsunami économique? Chacun peut apporter sa réponse. Nous pensons que les petites et moyennes entreprises, voire aussi les très petites entreprises (activités artisanales individuelles ou embauchant jusqu’à neuf personnes), sont les plus touchées dans le cas tunisien. Et pourtant, on voit depuis plus d’un mois de dangereuses idées qui incriminent le privé.
Aux yeux de ces gens, et de ces clichés, les entreprises privées (dont une grande partie considérée comme petites et moyennes entreprises) sont fautives et ne veulent pas contribuer à l’amortissement des effets économiques du Covid-19. Mieux, ces entreprises lèsent leurs salariés, ne veulent pas payer de taxes et d’impôts. Bref, un procès gratuit et « débilisant » pour des milliers de promoteurs de projets et d’entrepreneurs qui opèrent dans le privé. Nous ne parlons pas des grands groupes qui exercent un lobbying et qui ont, à notre avis, beaucoup de reproches à se faire, mais de ces petites sociétés qui se sont retrouvées sans marchés, sans demande, sans possibilité d’exercer en plein emploi, sans concours bancaire, avec une énorme pression fiscale sur le dos (assujettissements réguliers à la fiscalité directe et indirecte).
On parle des sous -traitants pour de grandes sociétés privées mais aussi publiques. On parle des petites et moyennes sociétés en digital, en service de maintenance, en transport logistique, en événementiel, en tourisme et en voyages, en activités agricoles, en textile, en communication et médias, en expertise tous domaines concernés, qui sont dans l’impasse. On leur demande de payer des salaires, d’honorer leurs engagements vis-à-vis des employés (ce qui est légitime), mais en même temps, on resserre l’étau autour d’eux. Ce ne sont pas des hors-la-loi finalement, ce ne sont pas des entrepreneurs qui usent de la rente de leurs placements, mais c’est des gens qui mettent leur savoir, leurs capitaux, et qui prennent des risques d’endettement et qui créent des emplois. Ce sont donc des partenaires pour l’Etat. Et ces dépassements invraisemblables dans les sociétés publiques au nom de la souveraineté de l’Etat et de la notion sacrée du « public », qui peut les arrêter ?
Si l’on veut relancer doucement notre économie fragile, il faudra arrêter de diaboliser le secteur privé, essentiellement ces petites et moyennes entreprises qui militent sur le terrain. C’est au gouvernement de traduire cette idée en actions concrètes. Le décalage du paiement des taxes, aussi bon à court terme, n’est pas une solution radicale à moyen terme. Ça va alourdir des trésoreries au moment où il y aura des paiements qui viennent à échéance. Il faudra recadrer la vision à propos du secteur privé. Assez de ces faux consultants économiques et de ces pseudo- connaisseurs qui font le procès de toutes les entreprises privées, et qui se cachent derrière des clichés remontant aux années 20 (dépassées par les régimes qui les ont adoptés, la Russie et la Chine en sont l’exemple). C’est provocateur comme discours. L’équilibre microéconomique est le point de départ pour une économie intégrée et diversifiée (pour parer à toute circonstance de crise).
Le soutien au secteur privé, qui crée la richesse et contribue à l’emploi et à la croissance, est alors une « obligation morale ». Au lieu de diaboliser l’initiative privée et les hommes d’affaires (respectueux des normes et des lois en vigueur), essayons de les aider. De les étayer pour reprendre un élan de fonctionnement économique ordinaire. On aura deux années très pénibles pour notre pays. Les effets post-Covid-19 sont beaucoup plus menaçants que maintenant. Donc, pitié, changeons de raisonnement. Tentons d’avancer en termes de réflexion économique. Les PME sont un maillon capital dans toutes les économies. Les fragiliser ne fera que des victimes et des pertes en plus.